En Iran une variété de rose de Damas, la rose d'Ispahan, appelée également « pompons des princes », pousse naturellement à l'état sauvage.
Elle doit son nom à une ville appelée par les Perses « Nisf-é-Djahan-Djahan », signifiant « la moitié du monde ». Au XVIème siècle, la ville devint la capitale des Séfévides, et y fut construit de nombreux palais, mosquées ainsi que des jardins de roses.
On retrouve aujourd'hui cette rose abondamment sur les plaines sauvages, particulièrement autour de Chiraz, ville des poètes, de la littérature et des fleurs. La rose de Chiraz est une rose légendaire, muse des artistes, et son eau de rose est vendue à prix d'or.
La rose est l'emblème mystique de nombreux poètes.
D'ailleurs, qu'en est-il des femmes poétesses persanes ?
« Les roses s’en sont allées, et nous leur avons dit adieu, il le faut,
Je quitterai bientôt le chaos du monde, il le faut,
Ma maison, mes livres, mon Aimé, la douceur du vin,
Tout ce que je prise disparaîtra, il le faut »
Jahân Malek Khâtoun (XIVe s.)
« J’ôte le voile de mon visage, et des roses un tumulte s’élève,
Je passe le peigne dans mes boucles, et des jacinthes une clameur s’élève,
Je promène dans la roseraie ma beauté et ma grâce nonpareilles,
Et de l’âme ravie des rossignols une ode s’élève »
La rose est à mon sens l'une des plus belle manifestation poétique du vivant. La poésie émeut, dans un cri de colère ou un élan d'amour, elle nous révèle dans notre intimité, dans ce qui nous touche au plus profond de notre sensibilité. La rose suit le même chemin. Ce n'est pas son parfum que nous aimons, c'est la manière dont elle nous permet de nous laisser toucher par ses épines, pour laisser se briser cette carapace que nous avons forgé autour de notre cœur, et enfin laisser être ce que sans cesse nous retenons. La poésie et la rose sont pour moi un même mot. Celui qui ne se prononce pas, mais qui surgit comme un jaillissement de la beauté de l'âme.
Comments